Comme toutes les écoles Saint-Luc de Belgique, l’École Supérieure des Arts Saint-Luc Liège est fondée par la Congrégation des Frères des Écoles chrétiennes. Leur objectif essentiel est de former, avec un esprit d’ouverture et de respect, des artistes fiables et expérimentés dans leur conduite et dans leur travail. L’enseignement mis en place à cette époque concerne déjà toutes les industries et tous les métiers liés à l’art : ce sont les Arts et Métiers.

Créée en 1890, l’école Saint-Luc de Liège s’implante rue Sainte Marie dès 1899, grâce à un don, sur une parcelle de terrain. La construction progressive permet aux professeurs et étudiants de s’y installer en 1908.

Construction de nouveaux locaux de l’École St-Luc, rue Ste Marie 26 à Liège – 1908

Archive du GAR asbl

 

L’école Saint-Luc va continuer à s’accroître, tant dans l’espace que dans l’éventail des formations artistiques proposées. Petit à petit, la structure même de l’enseignement évolue, distinguant les cours d’enseignement supérieur, les cours d’enseignement secondaire et les cours de promotion sociale.
Les différentes écoles se développent tellement qu’au fil du temps, différents bâtiments sont acquis dans le quartier, rue Louvrex et Boulevard d’Avroy. Ce qui, malgré tout, ne suffit pas à abriter tous les étudiants et un déménagement est mis à l’étude.

En 2000, l’École Supérieure des Arts Saint-Luc Liège et l’Institut Supérieur d’Architecture (devenu aujourd’hui la Faculté d’Architecture de l’ULiège) s’installent en Outremeuse, dans la caserne Fonck complètement rénovée, à quelques rues des premiers bâtiments qui ont accueilli les premiers cours Saint-Luc (les locaux de l’Institut Saint-André).

 

Notre campus : un site rempli d’histoire

Le site où est installé le campus de l’école est, à l’origine, un prieuré signalé dans les textes dès 1231. Affilié à l’ordre français du Val des Écoliers, il est posé alors sur une petite île formée par la Meuse et l’un des nombreux bras de l’Ourthe qui confluaient à l’époque en ces lieux. Initialement situé hors les murs de la cité, en Outre-Meuse, le domaine est ensuite ceinturé par une extension des murailles entreprise à la fin du XIIIe siècle ; les courtines, bordées par les eaux, sont renforcées ultérieurement par des bastions dont le nom wallon de balwér, ou balloir, est resté inscrit dans la toponymie locale.

Extrait de la Carte de Liège publiée Willem and Johannes Blaeu, gravé par Julius Milheuser et édité en 1649 par Joan Blaeu.

L’abbaye du Val des Écoliers de Notre-Dame de l’Isle à Liège dans le quartier d’Outremeuse, entre la Meuse et l’Ourthe : le bâtiment au centre droit devant l’église détruite abrite toujours la salle capitulaire.

 

Le campus abrite donc encore aujourd’hui le rare témoin de l’architecture gothique et de l’ampleur de l’église précédée d’un parvis (XIVe siècle) : l’ancienne et magnifique salle capitulaire, aux six voûtes à nervures en tuffeau. Celle-ci est protégée à l’heure actuelle et sert de salle d’expositions à l’école.

Au XVIIe siècle, le petit prieuré devient le Couvent des Écoliers dont Saumery rapporte en 1738 tous les atouts dans ses Délices du Païs de Liège : « La maison est bien bâtie et tous les appartements en sont riants ; leur situation ne contribue pas peu à leur donner cet agrément. 

Le couvent des Ecoliers se montre plutôt prospère et subit de nombreuses transformations comme, par exemple, l’escalier monumental qui mène aujourd’hui au secrétariat date du XVIIIe siècle, et ce, jusqu’à la réquisition entreprise lors de la Révolution de 1789. Sécularisé, il est alors converti en hôpital de campagne et en caserne. Il devient alors l’Hospice de l’Egalité et la Caserne des Écoliers.

La Caserne des Écoliers – carte poste datant de 1904 (source).

 

Tout au long du XIXe siècle, de nombreux travaux sont effectués pour agrandir l’espace et construire les bâtiments actuels aux poutres métalliques et colonnes en fonte, ainsi que l’entrée et ses deux guérites néo-médiévales. Le grand manège, destiné aux chevaux, est réalisé grâce à une étonnante prouesse technique : une charpente de bois couvre, sans support intermédiaire, une salle d’une largeur totale de 27m et d’une superficie de 1700 m2. Cette dernière est classée.

La nouvelle entrée à l’aube du XXe siècle, à l’époque du 2e régiment de lanciers (source).

 

Le 2 août 1914, soupçonnant la présence des Allemands dans les parages, le capitaine Morisseaux envoie le Cavalier Fonck, 21 ans, en éclaireur. Il sera la première victime belge à l’aube du conflit de la Première Guerre Mondiale. Pour honorer son souvenir, la caserne des Ecoliers devient la caserne Cavalier Fonck. Durant la Deuxième Guerre mondiale, le lieu porte toujours le même nom et sert d’hôpital militaire.

En 1998, il est abandonné par l’armée.

 

En 2000, l’ancienne caserne Fonck est acquise conjointement par l’École supérieure des Arts Saint-Luc Liège et l’Institut supérieur d’Architecture Saint-Luc. Le lieu devient rapidement un agréable campus du centre-ville où l’on voit aujourd’hui se croiser des troupes d’étudiants en art. Le campus est en partie partagé avec la Faculté d’Architecture de l’ULiège, ce qui favorise collaborations et rencontres.

Sous la direction d’Eugène Moreau, du groupe architectural AUSE, les vastes espaces initiaux sont respectés, mais reconditionnés pour remplir pleinement leurs fonctions pédagogiques. Les salles de cours et d’informatique sont nombreuses et bien équipées. Les ateliers spécifiques, quant à eux, sont conçus pour permettre un épanouissement maximal de l’étudiant dans son travail : on peut citer par exemple les ateliers de design, de gravure, de sérigraphie, de lithographie, de peinture ou de sculpture… Une cafétéria est aménagée pour recevoir 400 couverts, mais aussi des bâtiments administratifs, une conciergerie, de vastes espaces d’exposition ou de workshops ainsi qu’une bibliothèque.

 

Les traces de l’occupation militaire se font de plus en plus discrètes, même si les nombreux anneaux à chevaux scellés dans les murs et les auges taillées dans la pierre sont autant de souvenirs pittoresques du lointain passé du site. À l’extérieur, de nombreux vestiges architecturaux et des sculptures néo-renaissance provenant d’une maison détruite de la rue Louvrex, et rachetés par l’école, jalonnent le site verdoyant qui accueille aujourd’hui plus de mille étudiants.