Koen De Winter à l’ESA Saint-Luc Liège : pour un design industriel durable et profondément humaniste 

Un parcours international, une vision engagée 

Formé à l’Akademie voor Industriële Vormgeving d’Eindhoven, Koen De Winter débute sa carrière chez Volvo en Suède, avant de rejoindre Mepalservice BV aux Pays-Bas, où il s’impose rapidement comme un innovateur dans le domaine des plastiques et des techniques de fabrication. Refusant la logique du jetable, il propose dès les années 1970 des solutions durables, comme un nouveau système de lave-vaisselle industriel, motivé par une conscience environnementale précoce et un souci d’économie des ressources. 


Après avoir dirigé des équipes de design aux Pays-Bas et au Danemark, il s’installe au Québec en 1979, où il prend la direction du design chez Danesco, puis fonde Hippodesign et l’Atelier Orange, mêlant artisanat, design et développement régional. Son engagement ne se limite pas à l’industrie : il s’illustre aussi par des projets à forte portée sociale, comme la conception de prothèses de pied accessibles pour les victimes de mines antipersonnelles. Son parcours exceptionnel a été salué par de nombreux prix, dont le prestigieux Henry van de Velde Award et un doctorat honorifique de l’Université Laval. 


La technique comme langage et moteur d’innovation 

Plutôt que de dresser un simple bilan de carrière, Koen De Winter a invité l’auditoire à repenser le rapport entre artisanat et design industriel. Selon lui, la technique n’est pas un simple outil, mais un langage qui façonne l’objet, lui confère une identité et une histoire. Un objet issu d’un atelier, pensé pour durer et répondre à un véritable besoin, porte la trace du geste, du lieu, du temps. Cette dimension, trop souvent sacrifiée sur l’autel de la production de masse, est pour De Winter le cœur même de l’innovation. 

Réconcilier la main et l’esprit 

Pour De Winter, il n’existe pas d’opposition entre artisan et designer : au contraire, c’est dans la rencontre de ces deux univers que naît la créativité. Les contraintes techniques, loin de brider l’imagination, deviennent des moteurs d’invention. Il l’illustre par des exemples concrets de sa carrière, où la compréhension fine des matériaux et des procédés de fabrication a permis de renouveler la forme et l’usage des objets du quotidien. 

Un appel à la responsabilité et à la transmission 

En conclusion, Koen De Winter a insisté sur la nécessité de transmettre aux jeunes générations une éthique du design fondée sur la durabilité, la curiosité et l’engagement. Concevoir, c’est aussi assumer ses choix de matériaux, valoriser le travail bien fait et ralentir le temps de production pour mieux inscrire l’objet dans la durée. 

Le design, pour Koen De Winter, est une manière d’habiter le monde et de tisser du lien – entre les disciplines, entre les générations, entre l’humain et la matière. Un message fort, qui a trouvé un écho particulier auprès des étudiants et enseignants présents, tous repartis avec la conviction que l’avenir du design se jouera dans l’alliance du geste et de la pensée.