Le vendredi dernier, le Bois du Cazier à Charleroi a accueilli l’exposition fascinante “Unfree Labor”, résultat d’une collaboration dynamique entre diverses institutions académiques (Université de Liège, Université du Luxembourg, ESA Saint-Luc Liège) et musées, dont le DASA (Dortmund), la Fonderie (Bruxelles), le MUAR (Luxembourg) et bien sûr le Bois du Cazier. Le vernissage a offert une expérience novatrice sur le travail non-libre, combinant scénographie immersive, témoignages poignants et réflexions percutantes.

Dès la conceptualisation de l’exposition, “Unfree Labor” s’est distinguée par son caractère participatif, impliquant des étudiants en muséologie de l’Université de Liège, des étudiants en Histoire publique, le Media Lab de l’Université du Luxembourg, et des étudiants de l’École supérieure des arts Saint-Luc à Liège, créant ainsi une synergie stimulante entre différentes perspectives académiques.

Suite aux premières réunions entre partenaires, un workshop intensif de deux jours, organisé par les étudiants en design social (CVG) s’est tenu à Saint-Luc. Ce fut le véritable point de départ de l’exposition, conçue et produite en deux ans. Plus de cinquante étudiants, accompagnés par les équipes des musées, ont élaboré les intentions et la structure de l’exposition. L’objectif était clair : dépasser les limites historiques pour examiner des situations contemporaines et sensibiliser en particulier les jeunes adultes entrant dans le monde professionnel.

Les concepts clefs :

Le résultat de ces réflexions a donné naissance à des concepts clés qui ont guidé la création de l’exposition. Parmi ceux-ci, on retrouve le “flou”, l’idée de “rendre visible l’invisible”, la notion d'”identité qui s’efface”, et l’importance de l'”effort” pour susciter une prise de conscience. Ces concepts ont été habilement traduits en installations et supports de médiation. Dès l’entrée, les visiteurs sont confrontés à des cubes arborant des extraits de grandes déclarations sur le travail équitable. Cependant, le portrait “haché” sur l’affiche suggère une réalité plus complexe, illustrant comment le travail peut influencer notre identité. Un chantier de construction symbolique met en lumière les situations d’exploitation, soulignant que les solutions sont toujours en construction.

Une exploration intime :

L’exposition se déploie ensuite comme un labyrinthe, invitant les visiteurs à fournir un effort pour découvrir des témoignages concrets. Des “vitrines” présentent des éléments de la vie quotidienne derrière un fin grillage, rappelant que certaines réalités méritent un regard plus attentif. Le parcours explore des thèmes tels que le travail des livreurs à vélo, les conditions des travailleurs des abattoirs, le travail du sexe, les jeunes au pair, et le travail des détenus en prison. Enfin, la sortie de l’exposition confronte les visiteurs à l’ambiguïté du système dans lequel nous vivons. Sonner aux portes et se confronter à nos propres contradictions suscite une réflexion profonde sur notre contribution inconsciente à ces situations. Cet effort, bien que parfois inconfortable, est un appel à l’attention et à la nécessité de ne plus fermer les yeux sur ces réalités peu visibles.

Les installations et l’identité graphique de l’exposition, conçues par des étudiants de scénographie et de communication visuelle et graphique, témoignent d’une collaboration fructueuse. Les musées partenaires ont également été chaleureusement remerciés pour leur confiance dans ce projet audacieux.

L’exposition “Unfree Labor” promet une expérience immersive et éducative, incitant les visiteurs à repenser leur relation au travail et à contribuer à la lutte contre les situations de travail inéquitables. Elle sera ouverte au public au Bois du Cazier jusqu’au 14/04/24.

Ne manquez pas cette opportunité unique de plonger dans les nuances du monde du travail contemporain !