Longtemps délaissé et jugé irrécupérable, le tableau monumental La Flagellation (6 x 4 mètres) sort aujourd’hui de l’oubli grâce au travail passionné des étudiants et enseignants de la section Conservation – Restauration des œuvres d’art de l’École Supérieure des Arts Saint-Luc à Liège.

Source : Grégory Faucquez, Nord Littoral, 12 mai 2025.

Un trésor artistique en péril

Après des décennies passées dans les sous-sols du musée des Beaux-Arts de Calais, ce tableau d’une valeur patrimoniale exceptionnelle affichait un état de dégradation alarmant. Enroulé, fissuré, rongé par l’humidité, son support textile était pulvérulent, fragilisé, criblé de lacunes béantes et de moisissures, recouvert d’un vernis altéré, et marqué par plus

d’une vingtaine de plis profonds. La couche picturale, elle, se soulevait par endroits, voire avait totalement disparu.

Un véritable défi technique, nécessitant une rigueur scientifique, une minutie extrême et une bonne dose d’inventivité.

Un projet piloté par l’expertise et l’innovation

Ce chantier de restauration, impulsé par la volonté de Dominique Darré, conseiller municipal de Calais, s’est déroulé sous la supervision du professeur Olivier Verheyden. Ici, tradition et modernité se conjuguent : les restaurateurs mobilisent des techniques classiques – nettoyage doux, traitement antifongique, pontage fil à fil, renforcement par crépine de soie – tout en y greffant des outils technologiques de pointe.

Parmi ces innovations, un plotter de découpe numérique ultra-précis permet de recréer, au dixième de millimètre près, les pièces manquantes de la toile, réalisées dans un polyester stable. Chaque lacune est photographiée, vectorisée, puis découpée pour s’intégrer parfaitement au support original.

Une œuvre patrimoniale en pleine renaissance

Attribuée sans certitude au peintre Alexis Mathonat (1832–?), La Flagellation illustre un épisode biblique dramatique et solennel : Jésus comparaissant devant le grand prêtre Caïphe, avant d’être flagellé. Cette scène, puissante et emblématique, est représentative de la peinture historique du XIXe siècle.

Ce projet ambitieux s’inscrit dans la durée. Plusieurs années seront nécessaires avant que l’œuvre restaurée puisse retrouver sa place à l’église Notre-Dame de Calais, aux côtés de son pendant restauré, La Prise de Calais.

Une formation au cœur de la mission patrimoniale

Cette restauration exceptionnelle est également une opportunité unique pour les étudiants de la section Conservation – Restauration des œuvres d’art de l’ESA Saint-Luc Liège. En travaillant sur un chef-d’œuvre d’une telle envergure, ils développent des compétences techniques pointues, un sens artistique affiné, ainsi qu’une rigueur indispensable à la transmission et à la protection du patrimoine culturel.

Leur engagement, conjugué à celui de l’équipe pédagogique, illustre parfaitement la mission fondamentale de cette section : faire revivre les œuvres d’art et garantir leur préservation pour les générations futures.

Bravo à tous les acteurs de ce projet exceptionnel, alliant savoir-faire traditionnel, innovation technologique et passion pour le patrimoine artistique !