Le 17 novembre dernier, il y a eu comme de l’électricité dans l’air, et des circuits imprimés partout dans la salle. Un workshop en mode art numérique s’est préparé à prendre forme, un groupe de M1 Communication Visuelle et Graphique s’est installé, déjà traversé par cette intuition : aujourd’hui, il allait se passer un truc.

Dans le cadre du cours d’Image numérique, Olivier Evrard et Grégory Berger ont invité Élie Bolard, artiste qui fait rimer poésie visuelle et électronique contemporaine, à mener un workshop dont l’objectif était simple : fabriquer une machine électronique à dessiner.


La séance s’est ouverte sur un partage d’expérience : Élie a eu l’occasion de parler de son parcours et de son univers artistique, une pratique où se croisaient hardware low-cost, détournements de composants, moteurs, capteurs… bref, de la bidouille artistico-digitale. Il a expliqué comment la technologie pouvait devenir matière sensible, comment un microcontrôleur pouvait rêver et comment un moteur, parfois, semblait vouloir s’exprimer… graphiquement parlant.
Main d’œuvre – Emulation, Mutantx – Bip Liège, Windows Went Wind, Tangible Cloud Exhibition à la Galerie KBK, Forêt Discrète à l’Espace de l’Art Concret… Le parcours d’Élie était riche : autant d’indices de sa manière singulière de faire dialoguer l’art et l’électronique.

Puis, place à la pratique !
Les tables se sont transformées en petites zones expérimentales : câbles entremêlés, capteurs étalés, microcontrôleurs Micro:bit, morceaux de carton, minuscules moteurs, scotch, tournevis… et cette émulation créatrice très particulière où l’on devinait que quelque chose allait prendre vie.
Élie a circulé entre les groupes « avec joie et amour » — c’est ainsi que les étudiant·es l’ont décrit, et c’était exactement cela : encouragements, ajustements, conseils précis, détournements ingénieux, petits miracles techniques, et beaucoup de rires.
Il y a eu des machines timides, qui tremblaient avant d’oser laisser une trace. D’autres, au contraire, ont pris la feuille d’assaut. Certaines ont dessiné en spirale, d’autres en zigzag, d’autres encore semblaient hésiter, comme si elles réfléchissaient. Dans tous les cas, chacun a ressenti cette joie simple : « Eurêka ! Ça fonctionne. » Un moteur a vibré, un capteur a répondu, un feutre s’est mis en mouvement.
L’objectif du workshop — désacraliser le hardware low-cost, montrer qu’on pouvait fabriquer un outil graphique interactif avec trois composants, un moteur et beaucoup de curiosité — a traversé la journée sans jamais avoir besoin d’être théorisé.
Les étudiant·es ont surtout compris qu’une machine pouvait devenir un partenaire de dessin, qu’on pouvait apprivoiser la matérialité du numérique, et que la créativité passait parfois par un circuit bricolé, un programme simple ou un moteur qui coûtait à peine trois francs cinquante.


Un workshop dense et généreux, de ceux qui ont laissé sur les tables un chaos de câbles et, dans les têtes, une large ouverture des possibles créatifs en art numérique.
En attendant le prochain, il est resté les machines — parfois bancales, parfois brillantes — et ce souvenir précis : l’instant où un moteur s’est mis à trembler, et où tout le monde a compris qu’il allait dessiner des formes abstraites et surprenantes, dans une sorte de mouvement aléatoire perpétuel.
